I- Etape préliminaire : questions sur l’auteur et l’œuvre
Vous n’arrivez pas démuni face à un texte, même si vous n’en connaissez pas l’auteur. Un certain nombre de questions préalables vous permettront de créer des effets d’attente qui guideront votre lecture :
• Genre de l’œuvre : est-ce un roman, une pièce de théâtre, de la poésie, un essai (…) ?
• Contexte de l’œuvre : à quelle date a-t-elle été écrite ? est-elle liée à une situation politique ou historique particulière (guerre, révolution, catastrophe naturelle, régime politique particulier…) ?
• A quel moment de la vie et de la carrière de l’auteur (cela peut avoir une influence sur le texte) ex. : dans l’œuvre de Victor Hugo, la mort de sa fille Léopoldine constitue une étape importante qui marqua sa vie et certains de ses textes ; idem pour son opposition à « Napoléon le petit »…
• A quel public cette œuvre est-elle destinée ? Que sait-on des attentes du public, de la manière dont le texte à été reçu ? Est-ce une œuvre de commande ? Vise-t-elle un but particulier ?
• Est-elle liée ou s’oppose-t-elle à un courant, à un mouvement littéraire particulier ? Si oui, à quoi puis-je m’attendre ? Ce texte confirmera-t-il cette attente (cf par exemple le réalisme Zola : la description du Bonheur des Dames prend d’étranges allures fantastiques, bien peu réalistes)
• Quelle est la forme du texte : sans même lire, il est possible de faire un certain nombre de constatations très significatives :
-> poème : vers libres, forme fixe ? (sonnet, ballade)
-> théâtre : monologue ou tirade => on peut s’attendre à une réflexion personnnelle, une dimension argumentative… ? Echanges rapides (stychomythies) => affrontement, quiproquo, comique…
-> roman : combien de paragraphes, de quelle longueur ? phrases longues (descriptions, lenteur…) ou phrases courtes (accélération) ?
II . Première lecture : déchiffrement et situation du texte
• lire et relire le texte, s’efforcer de résoudre les problèmes de vocabulaire (merci M. Larousse) et de compréhension générale. Sur une photocopie, n’hésitez pas à surligner, griffonner, gribouiller.
• Si intrigue (textes narratifs, théâtre…), localiser le passage (partie, début ou fin du chapitre, incipit/exposition, dénouement ?). Identifier les personnages, rappeler les éléments de l’action nécessaires à la compréhension du passage (quand vous le pouvez)…
- Dans un recueil de poésies, on devra considérer : la section (et son titre) dans laquelle s’insère le poème et les poèmes qui précédent ou qui suivent (quand vous le pouvez)
- Dans un essai, un plaidoyer, une démonstration, on mettra en évidence les étapes de l’argumentation.
- Dans une scène de théâtre, soyez attentif à tout ce qui évoque la mise en scène (les didascalies mais pas seulement : une réplique peut être porteuse d’éléments de mise en scène + sons, lumières… + costumes etc)
III. Deuxième lecture : questionnement méthodique
Les cours de français vous ont permis de maîtriser de nombreux outils d’analyse littéraire. Faites appel à ces outils de façon systématique (et raisonnée)
* Enonciation (qui parle ? à quoi ? où ? quand ? pourquoi ?) : essentiel dans un texte argumentatif… mais pas seulement. Surligner les indices d’énonciation (« je » « nous » « on » / « tu » « vous » « ils ») et essayer de déterminer si le narrateur/personnage parle en son nom propre (je) ou au nom d’un groupe (on, nous) – S’il essaie de convaincre un personnage unique (tu) ou s’adresse de façon plus générale (vous) etc. Il y a souvent une hésitation ou une évolution, très significative. A ce niveau, un travail sur la ponctuation est souvent efficace ( questions rhétoriques ? Points d’exclamation = émotion => l’auteur cherche-t-il à convaincre ? persuader ?)
* Registres : dans l’exemple précédent, la présence d’un « je » et d’un « tu » peut mettre en évidence la présence du registre polémique. Y en a-t-il d’autres ?
• présence de la mort, d’une issue inévitable = tragique
• sentiments personnels très marqués, « je » etc => lyrique
Il ne s’agit pas d’établir un simple catalogue mais bien de montrer, grâce à ces outils d’analyse, comment le texte fonctionne, atteint son but => Quels sont les effets du texte sur le lecteur? Ses buts ?
* Focalisation : le narrateur adapte un point de vue (qui peut changer !!!!) => est-il omniscient (il connaît, le passé et les pensées des personnages) ? nous montre-t-il la scène à travers les yeux et les sentiments d’un seul personnages => dans ce cas, notre vision des choses sera orientée : un texte ne donne pas LA vérité mais UNE vérité, très subjective. Se place-t-il en observateur extérieur ? Arrêtez-vous aussi sur le traitement du temps et de la chronologie, le rôle des personnages…
* Syntaxe : une phrase longue n’est pas une phrase courte… Le passé n’est pas le présent… Dans un texte argumentatif, pensez à observer les articulations logiques (leur absence est également très parlante !) L’emploi de l’impératif a un sens (on donne des ordres !) etc. Là encore, il ne suffit pas de relever. Analysez, donnez du sens, montrez quel est l’effet produit. N’oubliez pas d’analyser l’aspect rythmique : longueur des phrases, rythme des vers (où sont les pauses ?), présence et place de la ponctuation, étude des sonorités (allitération, assonance…)
* Lexique : champs lexicaux, répétitions, oppositions, niveau de langue, connotation…
* Figures de style : essentiel dans la poésie… mais pas seulement (pas de catalogue : citez-les, expliquez-les, analysez et commentez l’effet produit).
Interrogez-vous sur la visée du texte (le but de l’auteur)
* le texte veut-il raconter, décrire, expliquer, argumenter ?
* une description ne se suffit pas à elle-même => quel sens y a-t-il derrière ? L’auteur s’interroge-t-il sur un sentiment, la nature humaine, l’Histoire ? Vous avez affaire à un texte écrit, destiné à être lu par des lecteurs, partagé ou rejeté. Négliger cet aspect des choses, c’est prendre le risque de passer à côté de l’essentiel.
IV. Construction du commentaire
Ce travail préliminaire vous a permis de mettre en évidence de nombreux éléments. Il faut maintenant classer, ordonner, éliminer. Vous n’aurez pas à tout dire mais à dégager une question centrale, la problématique qui interroge à la fois sur le « Quoi ? », le « Comment ? », le « Pourquoi ? ».
Cette problématique guidera votre travail de rédaction, vous permettra d’élaborer un plan. En général, il est fortement conseiller d’éviter :
- le plan linéaire, calqué sur le mouvement du texte : 1er paragraphe, 2nd paragraphe etc
- le « plan-personnages » (chaque partie est consacrée à un personnage)
- le plan « fond-forme » (une partie consacrée à la thématique du passage et l’autre à l’étude des figures de style)
- le « plan-catalogue » (juxtaposition de parties n’ayant aucun lien entre elles).
Votre analyse sera construite. Elle passera du plus évident au plus subtil, de l’explicite à l’implicite.
• Eviter également la paraphrase : pour cela, traquer les tournures du type « l’auteur dit… », « l’auteur affirme, pense, répète… On ne vous demande pas de reformuler le texte => plan solide, en deux ou trois parties. Chaque partie s’articule autour d’une question particulière, un axe de lecture. Vous devez répondre à cette question. Garder cela en tête vous évitera la paraphrase (ne mettez pas l’auteur/narrateur en position sujet mais le procédé utilisé, l’effet trouvé…)
• Chaque partie doit comporter deux ou trois sous-parties. Votre commentaire s’appuiera sur le texte de façon explicite => des citations courtes entre guillemets, variées, significatives qui illustreront votre analyse. Evitez de citer des lignes (lignes 5 à 15 !!!)
Dans un travail écrit, en temps limité, seules l’introduction et la conclusion seront rédigées au brouillon. Elles répondent à des exigences très codifiées => respectez la règle du jeu ! Le correcteur doit constater que vous connaissez et maîtrisez cette règle.
• Introduction = 3 étapes en un seul paragraphe + alinéa
- Présentation générale : siècle, mouvement littéraire, œuvre, auteur, type de texte (c’est une présentation à faire en une ou deux phrases) + présentation du texte à commenter (situez l’extrait dans l’œuvre ; dites de quoi il est question dans ce texte, quel est son intérêt principal, sa caractéristique…)
- Problématique : en une ou deux phrases, il faut définir, souvent sous la forme d’une question, les enjeux principaux du texte.
- Plan : titres de vos 2 ou 3 grandes parties (éventuellement sous forme de questions).
• Conclusion = 2/3 étapes en un seul paragraphe + alinéa :
- Récapitulation du devoir : bilan, synthèse de votre interprétation du texte
- Réponse à la problématique : cela vérifie ainsi la pertinence de votre étude
- Ouverture : ouvrez sur une autre perspective avec une autre œuvre du même auteur, ou une œuvre d’un autre auteur, ou un autre mouvement littéraire…