Objet d'étude - Le roman et la nouvelle au XIXe : réalisme et naturalisme

Victor Hugo

Les Thénardier

Stendhal

Flaubert

Zola

L'Arlésienne, opéra de Bizet d'après la nouvelle de Daudet

Du carnet de notes à l'écriture romanesque

 

 

 

Objet d’étude – Le roman et la nouvelle au XIXème siècle
Thème – L’un et l’autre

1- Fonction du portrait :  la Thénardier, Victor Hugo, Les Misérables, 186

On n'a encore aperçu dans ce livre les Thénardier que de profil; le moment est venu de tourner autour de ce couple et de le regarder sous toutes ses faces.
Thénardier venait de dépasser ses cinquante ans ; madame Thénardier touchait à la quarantaine, qui est la cinquantaine de la femme; de façon qu'il y avait équilibre d'âge entre la femme et le mari.
Les lecteurs ont peut-être, dès sa première apparition, conservé quelque souvenir de cette Thénardier grande, blonde, rouge, grasse, charnue, carrée, énorme et agile; elle tenait, nous l'avons dit, de la race de ces sauvagesses colosses qui se cambrent dans les foires avec des pavés pendus à leur chevelure. Elle faisait tout dans le logis, les lits, les chambres, la lessive, la cuisine, la pluie, le beau temps, le diable. Elle avait pour tout domestique Cosette; une souris au service d'un éléphant. Tout tremblait au son de sa voix, les vitres, les meubles et les gens. Son large visage, criblé de taches de rousseur, avait l'aspect d'une écumoire. Elle avait de la barbe. C'était l'idéal d'un fort de la halle habillé en fille. Elle jurait splendidement; elle se vantait de casser une noix d'un coup de poing. Sans les romans qu'elle avait lus, et qui, par moments, faisaient bizarrement reparaître la mijaurée sous l'ogresse, jamais l'idée ne fût venue à personne de dire d'elle: c'est une femme. Cette Thénardier était comme le produit de la greffe d'une donzelle sur une poissarde. Quand on l'entendait parler, on disait : C'est un gendarme; quand on la regardait boire, on disait : C'est un charretier; quand on la voyait manier Cosette, on disait : C'est le bourreau. Au repos, il lui sortait de la bouche une dent.

 

 

2- Du romantisme au réalisme
La Chartreuse de Parme, roman de Stendhal, fut publié en 1839. Il reste relativement inconnu jusqu’au début du 20ème siècle, ce que Stendhal semblait appeler de ses vœux, dédicaçant son roman “To the Happy Few”. Fabrice Del Dongo, jeune noble italien, est un ardent partisan de Napoléon. En dépit de tout, il parvient à rejoindre Waterloo, bataille à laquelle il assiste en pur spectateur. Rejeté par son père, Fabrice troque l’armée contre l’église et devient le coadjuteur de l’archevêque de Parme où sa tante l’a accueilli. Emprisonné au sommet de la tour de Farnèse, il mettra à profit l’amour que lui porte la fille de son geôlier, Clélia, pour s’échapper. Mais Clélia doit renoncer à Fabrice...  Situé dans le dernier chapitre du roman, cet extrait narre les retrouvailles des amants…

Il serait bien long de décrire tous les genres de folies auxquels furent en proie, ce jour-là, les cours de Fabrice et de Clélia. La petite porte indiquée dans le billet n’était autre que celle de l’orangerie du palais Crescenzi, et, dix fois dans la journée, Fabrice trouva le moyen de la voir. Il prit des armes, et seul, un peu avant minuit, d’un pas rapide, il passait près de cette porte, lorsque à son inexprimable joie, il entendit une voix bien connue, lui dire d’un ton très bas :
— Entre ici, ami de mon cœur.
Fabrice entra avec précaution, et se trouva à la vérité dans l’orangerie, mais vis-à-vis une fenêtre fortement grillée et élevée, au-dessus du sol, de trois ou quatre pieds. L’obscurité était profonde, Fabrice avait entendu quelque bruit dans cette fenêtre, et il en reconnaissait la grille avec la main, lorsqu’il sentit une main, passée à travers les barreaux, prendre la sienne et la porter à des lèvres qui lui donnèrent un baiser.
— C’est moi, lui dit une voix chérie, qui suis venue ici pour te dire que je t’aime, et pour te demander si tu veux m’obéir.
On peut juger de la réponse, de la joie, de l’étonnement de Fabrice ; après les premiers transports, Clélia lui dit :
— J’ai fait vœu à la Madone, comme tu sais, de ne jamais te voir ; c’est pourquoi je te reçois dans cette obscurité profonde. Je veux bien que tu saches que, si jamais tu me forçais à te regarder en plein jour, tout serait fini entre nous. Mais d’abord, je ne veux pas que tu prêches devant Anetta Marini, et ne va pas croire que c’est moi qui ai eu la sottise de faire porter un fauteuil dans la maison de Dieu.
— Mon cher ange, je ne prêcherai plus devant qui que ce soit ; je n’ai prêché que dans l’espoir qu’un jour je te verrais.
— Ne parle pas ainsi, songe qu’il ne m’est pas permis à moi de te voir.
Ici, nous demandons la permission de passer, sans en dire un seul mot, sur un espace de trois années.

 

3- Scène de mariage...
De temps à autre, on entendait des coups de fouet derrière la haie ; bientôt la barrière s’ouvrait : c’était une carriole qui entrait. Galopant jusqu’à la première marche du perron, elle s’y arrêtait court, et vidait son monde, qui sortait par tous les côtés en se frottant les genoux et en s’étirant les bras. Les dames, en bonnet, avaient des robes à la façon de la ville, des chaînes de montre en or, des pèlerines à bouts croisés dans la ceinture, ou de petits fichus de couleur attachés dans le dos avec une épingle, et qui leur découvraient le cou par derrière. Les gamins, vêtus pareillement à leurs papas, semblaient incommodés par leurs habits neufs (beaucoup même étrennèrent ce jour-là la première paire de bottes de leur existence), et l’on voyait à côté d’eux, ne soufflant mot dans la robe blanche de sa première communion rallongée pour la circonstance, quelque grande fillette de quatorze ou seize ans, leur cousine ou leur sœur aînée sans doute, rougeaude, ahurie, les cheveux gras de pommade à la rose, et ayant bien peur de salir ses gants. Comme il n’y avait point assez de valets d’écurie pour dételer toutes les voitures, les messieurs retroussaient leurs manches et s’y mettaient eux-mêmes. Suivant leur position sociale différente, ils avaient des habits, des redingotes, des vestes, des habits-vestes : – bons habits, entourés de toute la considération d’une famille, et qui ne sortaient de l’armoire que pour les solennités ; redingotes à grandes basques flottant au vent, à collet cylindrique, à poches larges comme des sacs ; vestes de gros drap, qui accompagnaient ordinairement quelque casquette cerclée de cuivre à sa visière ; habits-vestes très courts, ayant dans le dos deux boutons rapprochés comme une paire d’yeux, et dont les pans semblaient avoir été coupés à même un seul bloc, par la hache du charpentier. Quelques-uns encore (mais ceux-là, bien sûr, devaient dîner au bas bout de la table) portaient des blouses de cérémonie, c’est-à-dire dont le col était rabattu sur les épaules, le dos froncé à petits plis et la taille attachée très bas par une ceinture cousue.
Flaubert, Madame Bovary, 1857, I, 4

Le déjeuner des canotiers, Auguste Renoir

4- Un incipit réaliste, mise en place du roman
Denise, de nouveau, resta seule, assise près de la porte, en attendant que son oncle pût la conduire chez Vinçard. Pépé jouait à ses pieds, Jean avait repris son poste d’observation, sur le seuil. Et, pendant près d’une heure, elle s’intéressa aux choses qui se passaient autour d’elle. De loin en loin, entraient des clientes : une dame parut, puis deux autres. La boutique gardait son odeur de vieux, son demi-jour, où tout l’ancien commerce, bonhomme et simple, semblait pleurer d’abandon. Mais, de l’autre côté de la rue, ce qui la passionnait, c’était le Bonheur des Dames, dont elle apercevait les vitrines, par la porte ouverte. Le ciel demeurait voilé, une douceur de pluie attiédissait l’air, malgré la saison ; et, dans ce jour blanc, où il y avait comme une poussière diffuse de soleil, le grand magasin s’animait, en pleine vente.
Alors, Denise eut la sensation d’une machine, fonctionnant à haute pression, et dont le branle aurait gagné jusqu’aux étalages. Ce n’étaient plus les vitrines froides de la matinée ; maintenant, elles paraissaient comme chauffées et vibrantes de la trépidation intérieure. Du monde les regardait, des femmes arrêtées s’écrasaient devant les glaces, toute une foule brutale de convoitise. Et les étoffes vivaient, dans cette passion du trottoir : les dentelles avaient un frisson, retombaient et cachaient les profondeurs du magasin, d’un air troublant de mystère ; les pièces de drap elles-mêmes, épaisses et carrées, respiraient, soufflaient une haleine tentatrice ; tandis que les paletots se cambraient davantage sur les mannequins qui prenaient une âme, et que le grand manteau de velours se gonflait, souple et tiède, comme sur des épaules de chair, avec les battements de la gorge et le frémissement des reins. Mais la chaleur d’usine dont la maison flambait, venait surtout de la vente, de la bousculade des comptoirs, qu’on sentait derrière les murs. Il y avait là le ronflement continu de la machine à l’œuvre, un enfournement de clientes, entassées devant les rayons, étourdies sous les marchandises, puis jetées à la caisse. Et cela réglé, organisé avec une rigueur mécanique, tout un peuple de femmes passant dans la force et la logique des engrenages.
Denise, depuis le matin, subissait la tentation. Ce magasin, si vaste pour elle, où elle voyait entrer en une heure plus de monde qu’il n’en venait chez Cornaille en six mois, l’étourdissait et l’attirait ; et il y avait, dans son désir d’y pénétrer, une peur vague qui achevait de la séduire. En même temps, la boutique de son oncle lui causait un sentiment de malaise. C’était un dédain irraisonné, une répugnance instinctive pour ce trou glacial de l’ancien commerce. Toutes ses sensations, son entrée inquiète, l’accueil aigri de ses parents, le déjeuner triste sous un jour de cachot, son attente au milieu de la solitude ensommeillée de cette vieille maison agonisante, se résumaient en une sourde protestation, en une passion de la vie et de la lumière. Et, malgré son bon cœur, ses yeux retournaient toujours au Bonheur des Dames, comme si la vendeuse en elle avait eu le besoin de se réchauffer au flamboiement de cette grande vente.
– En voilà qui ont du monde, au moins ! laissa-t-elle échapper.
Mais elle regretta cette parole, en apercevant les Baudu près d’elle. Mme Baudu, qui avait achevé de déjeuner, était debout, toute blanche, ses yeux blancs fixés sur le monstre ; et, résignée, elle ne pouvait le voir, le rencontrer ainsi de l’autre côté de la rue, sans qu’un désespoir muet gonflât ses paupières. Quant à Geneviève, elle surveillait avec une inquiétude croissante Colomban, qui, ne se croyant pas guetté, restait en extase, les regards levés sur les vendeuses des confections, dont on apercevait le comptoir, derrière les glaces de l’entresol. Baudu, la bile au visage, se contenta de dire :
– Tout ce qui reluit n’est pas d’or. Patience !
Emile Zola, Le Bonheur des Dames, extrait du chapitre 1, 1881

Un grand magasin au XIXème siècle

 

5- Une nouvelle réaliste - L' Arlésienne — Alphonse DAUDET (1840-1897)

L'arlésienne, Van Gogh, 1888

Pour aller au village, en descendant de mon moulin, on passe devant un mas bâti près de la route au fond d’une grande cour plantée de micocouliers. C’est la vraie maison du ménager de Provence, avec ses tuiles rouges, sa large façade brune irrégulièrement percée, puis tout en haut la girouette du grenier, la poulie pour hisser les meules et quelques touffes de foin brun qui dépassent…
Pourquoi cette maison m’avait-elle frappé ? Pourquoi ce portail fermé me serrait-il le cœur ? Je n’aurais pas pu le dire, et pourtant ce logis me faisait froid. Il y avait trop de silence autour… Quand on passait, les chiens n’aboyaient pas, les pintades s’enfuyaient sans crier… À l’intérieur pas une voix ! Rien, pas même un grelot de mule… Sans les rideaux blancs des fenêtres et la fumée qui montait des toits, on aurait cru l’endroit inhabité.
Hier, sur le coup de midi, je revenais du village, et, pour éviter le soleil, je longeais les murs de la ferme, dans l’ombre des micocouliers… Sur la route, devant le mas, des valets silencieux achevaient de charger une charrette de foin… Le portail était resté ouvert. Je jetai un regard en passant, et je vis, au fond de la cour, accoudé, — la tête dans ses mains, — sur une large table de pierre, un grand vieux tout blanc, avec une veste trop courte et des culottes en lambeaux… Je m’arrêtai. Un des hommes me dit tout bas :
— Chut ! c’est le maître… Il est comme ça depuis le malheur de son fils. À ce moment, une femme et un petit garçon, vêtus de noir, passèrent près de nous avec de gros paroissiens dorés, et entrèrent à la ferme.
L’homme ajouta :
—… La maîtresse et Cadet qui reviennent de la messe. Ils y vont tous les jours, depuis que l’enfant s’est tué… Ah ! monsieur, quelle désolation !…. Le père porte encore les habits du mort ; on ne peut pas les lui faire quitter… Dia ! hue ! la bête !
La charrette s’ébranla pour partir. Moi, qui voulais en savoir plus long, je demandai au voiturier de monter à côté de lui, et c’est là-haut, dans le foin, que j’appris toute cette navrante histoire…
Il s’appelait Jan. C’était un admirable paysan de vingt ans, sage comme une fille, solide et le visage ouvert.
Comme il était très beau, les femmes le regardaient ; mais lui n’en avait qu’une en tête, — une petite Arlésienne, toute en velours et en dentelles, qu’il avait rencontrée sur la Lice d’Arles, une fois. — Au mas, on ne vit pas d’abord cette liaison avec plaisir. La fille passait pour coquette, et ses parents n’étaient pas du pays. Mais Jan voulait son Arlésienne à toute force. Il disait :
— Je mourrai si on ne me la donne pas.
Il fallut en passer par-là. On décida de les marier après la moisson. Donc, un dimanche soir, dans la cour du mas, la famille achevait de dîner C’était presque un repas de noces. La fiancée n’y assistait pas, mais on avait bu en son honneur tout le temps… Un homme se présente à la porte, et, d’une voix qui tremble, demande à parler à maître Estève, à lui seul. Estève se lève et sort sur la route.
— Maître, lui dit l’homme, vous allez marier votre enfant à une coquine, qui a été ma maîtresse pendant deux ans. Ce que j’avance, je le prouve ; voici des lettres !…. Les parents savent tout et me l’avaient promise ; mais, depuis que votre fils la recherche, ni eux ni la belle ne veulent plus de moi… J’aurais cru pourtant qu’après ça elle ne pouvait pas être la femme d’un autre.
— C’est bien, dit maître Estève quand il eut regardé les lettres ; entrez boire un verre de muscat.
L’homme répond :
— Merci ! j’ai plus de chagrin que de soif.
Et il s’en va.
Le père rentre impassible : il reprend sa place à table ; et le repas s’achève gaiement…
Ce soir-là, maître Estève et son fils s’en allèrent ensemble dans les champs. Ils restèrent longtemps dehors ; quand ils revinrent, la mère les attendait encore.
– Femme, dit le ménager en lui amenant son fils, embrasse-le ! il est malheureux…
Jan ne parla plus de l’Arlésienne. Il l’aimait toujours cependant, et même plus que jamais, depuis qu’on la lui avait montrée dans les bras d’un autre. Seulement il était trop fier pour rien dire ; c’est ce qui le tua, le pauvre enfant !…. Quelquefois il passait des journées entières seul dans un coin, sans bouger D’autres jours, il se mettait à la terre avec rage et abattait à lui seul le travail de dix journaliers… Le soir venu, il prenait la route d’Arles et marchait devant lui jusqu’à ce qu’il vît monter dans le couchant les clochers grêles de la ville. Alors, il revenait. Jamais il n’alla plus loin.
De le voir ainsi, toujours triste et seul, les gens du mas ne savaient plus que faire. On redoutait un malheur… Une fois, à table, sa mère en le regardant avec des yeux pleins de larmes, lui dit :
— Eh bien, écoute, Jan, si tu la veux tout de même, nous te la donnerons…
Le père, rouge de honte, baissait la tête…
Jan fit signe que non, et il sortit…
À partir de ce jour, il changea sa façon de vivre, affectant d’être toujours gai, pour rassurer ses parents. On le revit au bal, au cabaret, dans les ferrades. À la vote de Fontvieille, c’est lui qui mena la farandole.
Le père disait : « Il est guéri. » La mère, elle, avait toujours des craintes et plus que jamais surveillait son enfant… Jan couchait avec Cadet, tout près de la magnanerie ; la pauvre vieille se fit dresser un lit à côté de leur chambre… Les magnans pouvaient avoir besoin d’elle, dans la nuit…
Vint la fête de saint Éloi, patron des ménagers.

Grande joie au mas… Il y eut du Châteauneuf1 pour tout le monde et du vin cuit comme s’il en pleuvait. Puis des pétards, des feux sur l’aire, des lanternes de couleur plein les micocouliers2… Vive saint Éloi ! On farandola à mort.
Cadet brûla sa blouse neuve… Jan lui-même avait l’air content ; il voulut faire danser sa mère ; la pauvre femme en pleurait de bonheur à minuit, on alla se coucher. Tout le monde avait besoin de dormir… Jan ne dormit pas, lui. Cadet a raconté depuis que toute la nuit il avait sangloté… Ah ! je vous réponds qu’il était bien mordu, celui-là…
Le lendemain, à l’aube, la mère entendit quelqu’un traverser sa chambre en courant. Elle eut comme un pressentiment :
— Jan, c’est toi ?
Jan ne répond pas ; il est déjà dans l’escalier.
Vite, vite la mère se lève :
— Jan, où vas-tu ?
Il monte au grenier ; elle monte derrière lui :
— Mon fils, au nom du Ciel ! Il ferme la porte et tire le verrou.
— Jan, mon Janet, réponds-moi. Que vas-tu faire ?
À tâtons, de ses vieilles mains qui tremblent, elle cherche le loquet !…. Une fenêtre qui s’ouvre, le bruit d’un corps sur les dalles de la cour, et c’est tout…
Il s’était dit, le pauvre enfant : « Je l’aime trop… Je m’en vais… » Ah ! misérables coeurs que nous sommes ! C’est un peu fort pourtant que le mépris ne puisse pas tuer l’amour !….
Ce matin-là, les gens du village se demandèrent qui pouvait crier ainsi, là-bas, du côté du mas d’Estève…
C’était, dans la cour, devant la table de pierre couverte de rosée et de sang, la mère toute nue qui se lamentait, avec son enfant mort sur ses bras.

1- Châteauneuf : vin coûteux – Micocoulier : arbre commun en Provence.