I) La spécificité du discours théâtral
• Alors que discours et récit alternent dans un roman, le texte théâtral n’est composé que de dialogues et d’indications de mise en scène, les didascalies. L’auteur (le dramaturge) est donc obligé de tenir compte de ces contraintes. Toutes les informations nécessaires doivent être livrées dans les répliques prononcées par les personnages. Même les informations les plus simples : pensez aux noms par exemple, aux indications de lieu, de durée. Pensez également au rôle des scènes d’exposition qui ouvrent une pièce : elles doivent apprendre aux spectateurs quelles sont les relations entre les personnages (familiales, sociales, amoureuses), les tensions, le nœud de l’action (contrairement au texte romanesque, le théâtre saisit l’action in media res, alors que l’élément déclencheur s’est déjà produit)…
• Le double destinataire
Autre spécifité, le fait que le discours s’adresse nécessairement à deux destinataires :
* un autre personnage, bien sûr (sauf dans un monolgue ou un aparté => le personnage « pense » à voix haute = convention théâtrale)
* aux spectateurs.
Ce phénomène, appelé « double énonciation » est absolument essentiel. Le même message n’aura pas la même signification suivant le destinataire à qui il est adressé. Pensez par exemple aux quiproquos qui sollicitent le rire complice du spectateur, même dans une situation dramatique.
Dans certains cas, le spectateur peut même être interpellé directement (si vous l’avez lu, rappelez-vous le monologue de l’Avare en mal de cassette).
Une analyse de la double énonciation est souvent porteuse de sens : pensez-y.

II) Les fonctions du discours théâtral
Rien de plus facile, dans un roman, de faire passer un certain nombre d’informations. Il suffit d’écrire « il patienta pendant un quart d’heure » pour que le quart d’heure en question se soit écoulé. C’est moins simple au théâtre.
Les répliques peuvent jouer un certain nombre de rôle.
• informer : il est assez fréquent qu’un personnage donne des renseignements à un autre personnage (qui est parfois au courant : rappelez-vous par exemple la scène 1, Acte I des Fourberies de Scapin, lorsque le jeune Octave répète à Silvestre ce que celui-ci lui a appris quelques instants auparavant). En fait, c’est évidemment le spectateurqui est visé : il apprendra ainsi un événements antérieurs au début de la pièce ou qui se sont déroulés hors de la scène, des pensées non communiquées jusqu'à présent, etc.
• argumenter : un personnage cherche à convaincre son interlocuteur ou au contraire met en accusation la position de son adversaire. Très courant : le théâtre est un lieu privilégié pour faire naîrte l’affrontement (dans Dom Juan, pensez à l’éloge de l’hypocrisie menée par le maître. La contre-argumentation de Sgnarelle, ratée, mettra en valeur les qualités oratoires de son maître et, de façon paradoxale, donnera plus de poids à la thèse pourtant combattue).
• émouvoir son interlocuteur, ainsi que le spectateur. Gardez absolument en tête l’importance de la Catharsis dans le théâtre classique ( à lire http://fr.wikipedia.org/wiki/Catharsis)
• raconter : un personnage est amené à raconter à un autre personnage un événement qui s'est produit en dehors de la scène
• décrire : cette fonction, assez rare au théâtre, apparaît lorsqu'au cours du récit d'un événement extérieur à la scène un personnage éprouve le besoin de décrire plus précisément le cadre dans lequel s'est déroulé cet événement.

Et bien sûr, faire rire : mais là encore, ce rire peut ne pas être innocent. La comédie se veut également un moyen de corriger les mœurs.
« Molière se bat dans ses préfaces et dans ses pièces pour faire reconnaître la comédie. La poétique de la comédie se trouve chez lui , notamment dans la critique de l’école des femmes, comme une tentative de réhabilitation et de défense de la comédie. Molière insiste sur la différence d’écriture des comédies : « et c’est une étrange entreprise que de vouloir faire rire les honnêtes gens ». Le premier placet présenté au roi sur la comédie du Tartuffe lui donne pour fonction d’ « attaquer par le ridicule les vices du temps ». C’est assigner une fonction morale au rire et à la comédie : « Le premier devoir de la comédie est de corriger les hommes en les divertissant. » extrait de la page http://www.lettres.ac-versailles.fr/article.php3?id_article=494 que je vous conseille de lire !!!!

III) Comment analyser un extrait de pièce de théâtre ?
Pour analyser une réplique ou un groupe de répliques, on peut procéder selon les étapes suivantes :
1. définir la situation d'énonciation et dresser le schéma actantiel du passage.
2. effectuer une analyse générale de la structure du texte : présence
éventuelle des didascalies ; équilibre entre les répliques ; présence éventuelle de personnages muets ; utilisation éventuelle d'apartés.
3. effectuer une analyse précise du langage de chacun des personnages :
étude du niveau de langue, des champs lexicaux, des types de
phrases récurrents, du ton des répliques; éventuellement, étude de l'implicite, etc.
4. procéder à un bilan : montrer ce que le passage apprend sur les
personnages, sur ce qu'ils cherchent à montrer et sur ce qu'ils montrent à leur insu ; discerner en quoi ce passage est important par rapport à l'intrigue générale ; montrer en quoi il apporte une solution (provisoire ou définitive) ou, au contraire, prolonge le suspense de la pièce. (extrait du site Vitellus.ifrance.com)